Plan Local de l'Habitat... dessine-moi une ville...

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Voici le texte de l'intervention que j'ai prononcée au conseil municipal de novembre : 

 

"Monsieur le Maire,

Vous nous présentez un programme local de l’habitat sous la  forme d’un document très dense et très intéressant.

Je voudrais commencer par une question de forme : je veux bien qu’on réserve des documents volumineux au président de groupe, ça protège les arbres, issus des forêts naturelles ou non,  mais je demande que des documents importants soit envoyés en  version électronique (je parle du PLH et du projet de ZAC).

Je voudrais vous livrer quelques réflexions sur la base de ce lourd travail de formalisation. Plus qu’une critique point par point, il s’agit de quelques idées, qui, me semble -t-il vont souligner quelques divergences majeures.

Vous rappeler les quatre grandes orientations de l’équipe municipale (p. 110 et 111) : 

  1. - Densifier / construire ; 
    - Diversifier l’offre en répondant aux besoins de la population et en accueillant les salariés venant travailler dans la commune ; 
    - Développer le logement social là ou il est peu présent ; 
    - Réduire les situations de mal-logement ; 
    - Promouvoir la qualité urbaine et la construction durable.

Prises individuellement, chacune de ces quatre orientations appelle notre adhésion.

Néanmoins, force est de reconnaître qu’elles sont incompatibles les unes avec les autres, et que donc, quel que soit le scénario d’évolution de la population retenu, les 12 actions envisagées n’auront pas les conséquences positives escomptées.

Je m’explique :

Vous proposez de densifier, tout en préservant la zone pavillonnaire et en construisant du logement social « là ou il est peu présent ». En clair, on veut cesser de construire du logement social dans les quartiers nord et le faire dans le canton sud. Bravo, c’est positif pour la mixité sociale, mais comment le fait -on tout en préservant la zone pavillonnaire ? D’ailleurs, quant on regarde la carte des programmes de construction envisagés, p. 148, on voit qu’il continue à être majoritairement dans les quartiers Nord.

Vous voulez construire beaucoup (c’est nécessaire si l'on veut réduire les situations de mal-logement, éradiquer l’habitat indigne, promouvoir le logement des jeunes, favoriser l’accès au logement des ménages les plus précaires, proposer une nouvelle forme d’habitat aux gens du voyage…) et en même temps, vous voulez construire pas cher, écologique et attractif.  Malheureusement, les quatre variables s’excluent.  Construire écologique a un surcoût qui, soit renforce l’exclusion par les prix, soit oblige à des investissements municipaux pour corriger les différences d’accès au logement.

Et je crois qu’on tient là la vraie question à laquelle le document ne répond pas : quelles sont les limites de l’intervention municipale ?

Il me semble illusoire de croire que la ville puisse aller contre l’évolution des prix en région parisienne : on peut écarter les bras et espérer que la vague s’arrête, mais ça marche qu'une fois tous les millénaires. Quels que soient les moyens qu’elle mette, la ville de Colombes n’a pas la force d’assurer le « parcours résidentiel des colombiens » ou de « faciliter la primo accession à un coût maitrisé ».


Mais je vais plus loin, je pense qu’il ne lui appartient pas de le faire.

En effet, il faut concentrer les moyens sur la défense des plus faibles, pas faire croire à chacun qu’il pourra « progresser dans la ville » dans un parcours résidentiel illusoire : soit on aidera une ou deux personnes et on vous accusera de clientélisme, soit le budget de la ville exposera. D’ailleurs, je vous signale que si j’ai la chance d’être avec vous ce soir, c’est que la mairie d’Asnières, où j’habitais jusqu’en 1994, n’avait pas mis en place de « parcours résidentiel ».

Je vais encore aller plus loin, je pense qu’il faut arrêter d’idéaliser l’accession à la propriété et je regrette que la ville de Colombes tombe dans ce piège électoraliste : pourquoi serait -il « meilleur » d’acheter son logement que de le louer, si acheter signifie s’endetter sur trois générations ?  De la même manière, j’aimerais qu’on me prouve que les propriétaires sont de « meilleurs » résidents  (sous quels critères ?) que les locataires.

De la même manière, la question qui se pose dans le logement collectif n’est pas propriétaires contre locataires mais occupants « turbulents » (pour ne pas dire plus) contre le reste de la population qui souffre des nuisances.

Il ne faudrait pas privilégier l’accession faute de savoir ou de pouvoir gérer les fauteurs de troubles. On en parlait en conférence des présidents de groupe : quels sont les moyens de la mairie/des bailleurs sociaux pour expulser ceux qui troublent la quiétude de la majorité ?

En conclusion, l’ébauche d’une politique alternative serait :

  • - garder la densification, mais en la concentrant dans les zones aujourd’hui peu denses, soit type ZAC Charles de Gaulle dont on vient de parler ou zone pavillonnaire (au passage, notons que le prix du m2 joue en notre faveur car la zone pavillonnaire se densifie d’elle-même : les propriétaires construisant eux mêmes). Il faut arrêter la densification des zones d’habitat vertical. C’est un élément de la qualité de vie. Il faut même continuer à envisager des destructions de grands ensembles ; 
  • - d’arrêter de lutter contre l’évolution des prix, mais d’en faire un atout : Colombes change et c’est bien. Au nom de quoi refuserait-on l’arrivée dans notre belle ville à des familles chassées de Paris ?
  • - réserver les crédits publics à la réhabilitation des logements indignes et aux plus défavorisés."

 

Publié dans Conseils municipaux

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